Nous sommes joie ! Avec son roman Scrops ! à paraître le 5 avril, notre autrice fait partie des quarante artistes de la sélection du prix Hors Concours 2019 !
Le prix
Le prix Hors Concours existe depuis 2016 ; il a pour objectif de mettre en avant le travail des maisons d’édition indépendantes qui ne participent aux énormes prix de la rentrée littéraire. Chaque maison souhaitant participer propose un titre (première édition, francophone) et communique la présentation du livre, la couverture ainsi qu’un extrait.
La sélection a été annoncée à Livre Paris le 16 mars, et a été diffusée sur les réseaux sociaux et à la presse ce mardi. C’est une très belle surprise pour nous de figurer aux côtés de maisons comme Aux forges de Vulcain, Le Nouvel Attila, La Peuplade, Le Quartanier ou Asphalte… Pour notre première participation, nous avons joué avec les délais, puisque Scrops ! était encore en correction le 15 février, date butoir. Mais visiblement, les scrops ont plu au comité de sélection, et nous en sommes ravis !
Le communiqué de presse est en ligne ici.
La liste complète des auteurs, autrices et maisons d’édition de la sélection
- Antidata : Benjamin Planchon
- Antilope : Gilles Rozier
- Asphalte : Benoît Sourty
- Aux forges de Vulcain : Jean-Luc A. D’Asciano
- Le Bateau Ivre : Cécile Delalandre
- BSN Press : Marianne Brun
- Cairn : Guy Rechenmann
- Carnets Nord : Isabelle Never
- Chandeigne : Patrick Straumann
- Éditions du Chemin de fer : Carole Zalberg
- Éditions Nouvelle Bibliothèque : Éric Tchijakoff
- Élyzad : Yasmine Khlat
- Emmanuelle Collas : Sabrina Kassa
- Gephyre : Maëlig Duval
- Hors d’atteinte : Mehdi Charef
- Infolio : Patrick Meadows
- L’Atelier Contemporain : Odile Massé
- L’ire des marges : Éric Fougere
- La Baconnière : Corinne Desarzens
- La clé à Molette : Frédérique Germanaud
- La Contre-Allée : Irma Pelatan
- La part commune : Maëlle Levacher
- Le Lamantin : Gilles Sevastos
- Le Mot et le reste : Catherine Gucher
- Le Ver à soie : Juliette Keating
- Magnani : Jean-Baptiste Labrune
- Médiapop : Christophe Fourvel
- Mémoire d’encrier : Yara El-Ghadban
- Noir Blanc Et Caetera : Roula Azar Douglas
- Non standard : François Chaslin
- Le Nouvel Attila : Jacques Houssay
- Le Passage : Jean-Baptiste Maudet
- La Peuplade : Juliette Léveillé-Trudel
- Quatarnier : Alexie Morin
- Rue de l’échiquier : Géraldine Collet
- Rue des promenades : Tara Lennart
- Serge Safran : Isabelle Minière
- Signes et balises : Christophe Dabitch
- Slatkine & Cie : Charles Aubert
- Tusitala : Martin Mongin
Sources : Actualitté et Livres Hebdo
L’extrait
Pour votre plaisir, voici le début de l’extrait envoyé. Bonne lecture ! En espérant que cela vous donne envie de découvrir ce roman dès sa sortie le 5 avril 😉.
Contexte : Madeline, « la première mère », décide d’adopter un couple de scrops afin de les offrir à sa fille…
Mado rentra en début d’après-midi, les joues roses de l’air du dehors et toute guillerette, avec un grand panier en osier. Victor accourut dès qu’il entendit la porte d’entrée couiner. Il gardait les patates-fongues au chaud sur une grille en hauteur, mais elle ne s’exclama pas à quel point ça sentait bon. D’habitude, quand il préparait à manger, elle lui disait toujours que ça sentait bon.
« Regarde comme ils sont mignons !
— Ils ?
— Un couple ! C’est elle qui m’a désigné son compagnon, la toute belle. »
Madeline lui tendit le panier pour qu’il le tienne le temps qu’elle enlève son manteau.
Sa mine radieuse contrastait avec le visage dur et fermé de la veille. Cela valait bien les garants du tiroir, finalement, se dit Victor en contemplant son visage si vivant, si plein d’espoir et de tendresse. Son visage tel qu’il l’aimait. Mais cette tendresse, ces espoirs ne lui étaient pas destinés.
Elle lui reprit si vivement le panier des mains que ses bracelets de bois s’entrechoquèrent comme pour rythmer une danse.
« Il faudrait leur mettre des chiffons dans le nid, tu ne crois pas ? Pour qu’ils soient plus à l’aise. »
Victor la regarda s’installer dans le canapé et poser le panier à côté d’elle. Deux boules de poils, gros bec et grands yeux globuleux en avant, en émergèrent et se dandinèrent sur leurs massives pattes arrière jusqu’aux genoux de Madeline. L’un était vert au bec mauve, des pattes rayées de rouge et un œil entouré comme d’un monocle du même rouge ; l’autre arborait un poil violet et un bec jaune vif. Leurs doigts minuscules s’agitaient au bout de leurs bras sans articulation et ils gargouillaient des roupicou-roupicou beaucoup trop criards au goût de Victor.
« Tu sais qu’il m’a reconnue ! s’exclama Madeline en grattouillant le cou de la petite violette.
— Qui ça ?
— Le scropier ! »
La célébrité lui manque, pensa Victor. Elle lui répétait souvent qu’elle s’était mise en retrait volontairement, pour ne pas faire de l’ombre à sa fille, mais il la soupçonnait de faire contre mauvaise fortune bon cœur.
« Il a refusé mes garants. Oh, tant que j’y pense… »
Madeline se leva et replaça les billets dans le tiroir.
« Comme ça, dit-elle avec un clin d’œil, tu pourras me faire une surprise pour notre anniversaire. »
Victor dut prendre un air étonné, car elle ajouta, déposant un bisou sur son crâne dégarni :
« Ne fais pas cette tête ! Tu m’en parles tous les deux jours. »
Il n’en avait pas le souvenir. Elle se rassit sur le canapé et fit monter un des scrops sur ses genoux.
« Du coup, je n’ai pas osé dire qu’ils étaient pour Geneviève. Elle l’a affecté à cette charge, il trouverait bizarre que sa mère lui choisisse des scrops en cachette. »
Victor s’apprêta à dire que Ah ! elle voyait bien : si elle-même avait honte d’offrir des scrops à sa fille, il la laissait imaginer ce que sa fille – qui avait hérité de son caractère – dirait devant le « cadeau ». Il n’en eut pas le temps.
« J’ai dit que c’était pour nous deux, qu’après tout, tout le monde en avait alors pourquoi pas nous. Ça lui a plu ça, il a même répété “Oui, c’est toujours plus agréable d’être comme tout le monde”.
— J’ai préparé des patates-fongues, dit Victor.
— Oui, mes petits, c’est ça, la bonne odeur ! Des patates-fongues ! Oh oh, gazouilla Madeline en chatouillant leurs cous épais aux poils soyeux, des patates-fongues, c’est bon ça, hein ? Vous avez faim, vous deux ?
— Roupicouroupicou ! roupicaient les bestioles en faisant mine de mordiller le bout des doigts de Madeline.
— Oui-oui-oui, gâtifiait-elle, vous en aurez aussi un peu, mes beautés. »
Leurs minuscules oreilles rondes frémirent de chaque côté de leurs têtes.
« Ça mange des patates ?
— Ils mangent comme nous, juste un peu moins, c’est ce qu’a dit le scropier.
— J’en avais fait pour deux, grommela Victor.
— Tu en mettras une en plus pour les petits. »
Sans ajouter un mot, Victor retourna en cuisine.
« Il boude, murmura Madeline aux scrops. Mais il va ajouter une patate pour vous, ne vous en faites pas. Il est un peu jaloux, je crois. Un petit peu jaloux, mon vieil amoureux », chantonna-t-elle en grattouillant le massif bec conique de la scropine.
À qui cela ne plut visiblement pas. Avant que Madeline puisse s’exclamer à quel point la fine peau colorée et humide lui semblait douce, le petit animal se dégagea vivement et lui mordit l’avant-bras.
« Aïe ! Qu’est-ce qui te prend ? »
Un peu de sang imprégna la manche déchirée.